Le jeudi 13 novembre 2025, Micros Rebelles a reçu Djelloul Kheris. Il est employé municipal et élu au comité social territorial pour Sud Collectivités territoriales au sein de la Mairie d’Hénin-Beaumont, mairie dirigée depuis 2014 par l’élu du Rassemblement national, Steeve Briois. Il risque aujourd’hui la révocation de son statut de la fonction publique.
Djelloul Kheris nous signifie qu’il est convoqué à un conseil de discipline le lundi 17 novembre 2025 pour « conflit d’intérêt chronique ». Il est notamment bénévole et secrétaire au sein de l’association sportive de Kennedy et vice-président de l’association L’Escapade, deux associations situées à Hénin-Beaumont. « La ville pense qu’[il] utilise [son] statut de la fonction publique pour avantager ces deux associations », énonce-t-il. Trois faits lui sont reprochés.
D’une part, en novembre 2024, suite à une coupure de courant au sein du local associatif de l’association sportive de Kennedy, un local mis à disposition par le bailleur social Pas-de-Calais Habitat, Djelloul Kheris est intervenu « en tant que secrétaire du club » auprès de la Ville et de Pas-de-Calais Habitat « pour remettre en marche l’électricité ». Contacté par nos soins, le Maire d’Hénin-Beaumont, Steeve Briois explique que « Monsieur Kheris ne peut pas cumuler au même moment des casquettes qui poursuivent par définition des intérêts contradictoires (administrateur d’une association, représentant du personnel, membre du comité territorial, agent municipal, etc.) ».
D’autre part, au sein de l’association l’Escapade, le directeur de l’association est accusé de « harcèlement moral par des agents mis à disposition fin 2023 » de l’association, nous informe Djelloul Kheris, à qui « on lui reproche d’avoir était au courant et ne pas avoir bougé », mais il s’en défend.
Suite à un courrier de Steve Briois, Maire d’Hénin Beaumont, « on somme le Conseil d’administration de réagir », nous précise-t-il. Ce dernier a « alerté les membres du Conseil d’administration » sur le courrier et la situation de harcèlement moral, qu’il double d’un courrier recommandé envoyé au maire d’Hénin-Beaumont, demandant des « éléments factuels pour s’appuyer dessus pour gérer la situation ». Djelloul Kheris « saisit par ailleurs le procureur de la république sur cette situation de harcèlement moral » dès le 12 juillet 2024, nous renseigne-t-il. Tandis qu’on lui « reproche d’avoir participé à une réunion [avec les agents mis à disposition, le 26 août 2024], et on me dit que j’étais partie prenante, que comme j’avais une double casquette, agent de la ville et vice-président de l’Escapade, que j’étais dans un conflit d’intérêts ». Il s’en défend, expliquant qu’il « s’agissait d’une invitation à une réunion, et non une convocation, une réunion organisée dans la bienveillance ».
Le maire d’Hénin Beaumont indique « qu’il [Djelloul Kheris] a en qualité d’administrateur d’une association subventionnée et hébergée par la ville (et donc de dirigeant de cette association), auditionné des agents municipaux mis à disposition de cette association sur lesquels il n’a aucun lien hiérarchique, dans une affaire de harcèlement moral visant le directeur salarié de cette association avec lequel les administrateurs de l’association ont naturellement une communauté d’intérêts ». Pour le Mairie d’Hénin-Beaumont, il s’agit d’un « conflit d’intérêt grave ».
Cette convocation est lue d’une manière différente par Djelloul Kheris : « On a l’impression que le seul agent qui s’implique dans le milieu associatif, c’est Djelloul Kheris. À Hénin-Beaumont, il y a pas mal d’agents de la commune, et c’est tant mieux, c’est très bien même, c’est pas une critique, il y a beaucoup d’agents qui sont impliqués dans la vie associative, à qui on pourrait reprocher aussi le conflit d’intérêts, sauf qu’il y en a qu’un qui aujourd’hui est accusé de conflit d’intérêts […] Mais moi je pense que le problème, ce n’est pas mon implication dans la vie associative, le problème c’est le fait que je suis représentant du personnel, le fait que je dise tout haut ce que les gens pensent tout bas ».
Enfin, dernier reproche: « La commune a récemment découvert que Monsieur Kheris continuait à baigner dans ces conflits d’intérêts en ayant décidé de témoigner dans un documentaire politisé en violant allégrement ses devoirs et de réserve et de neutralité, pourtant particulièrement renforcés à l’égard des fonctionnaires en période préélectorale », nous indique le maire d’Hénin-Beaumont. Djelloul Kheris nous explique avoir participé, « avec sa casquette syndicale », au documentaire Des Nimbres au Monde : « on me reproche d’avoir participé à ce documentaire, de manquer à mon devoir de réserve, de neutralité, d’impartialité, tout ce qu’on peut mettre quand on veut virer un fonctionnaire ».
Suite à cette convocation, plusieurs associations et syndicats soutiennent Djelloul Kheris, à l’instar de cette tribune signée notamment par la CGT, Sud Solidaires ou encore la LDH : « Non à la répression anti-syndicale à Hénin-Beaumont », tandis qu’un rassemblement était prévue le lundi 17 novembre à 11h, devant la mairie d’Hénin-Beaumont.
Pour aller plus loin sur le sujet, nous vous invitons à écouter l’interview réalisée avec Djelloul Kheris, ainsi que la réponse complète de Steeve Briois sur le sujet en suivant ce lien.
Crédits : photo issue de Wikipedia (licence CC BY-SA 4.0) ; Musique par The Sorcerers - He Who Kills with One Leap