Il Quarto Stato

Bulletin inter - 10 novembre 2023

Bulletin inter

Un podcast publié le 09/11/2023 à 08h
Émissions

Au sommaire:

L’émission se déroule en deux grandes parties, tout d’abord une revue rapide des luttes de classe à l’international, puis deux focus spécifiques, l’un sur le mouvement massif de grèves qui touche le secteur du textile au Bangladesh et l’autre sur les mouvements de grève des coursiers qui ont lieu en ce moment en Ukraine et en France.

Notre émission commence par une revue de presse des luttes de classe à l’international :

Manifestation du collectif de femmes de ménage de Santa Cruz de Tenerife le 9 novembre (Espagne)

« Nous ne sommes pas esclaves et nous luttons pour nos droits » : Kellys Union Tenerife annonce des manifestations le 9 novembre contre les employeurs des hôtels et le silence des institutions

Santa Cruz de Tenerife est une ville portuaire de l’île de Tenerife, dans les Canaries espagnoles.

Le 9 novembre, le collectif des femmes de ménage des hôtels de la province de Santa Cruz de Tenerife descendra dans la rue pour revendiquer leurs droits et attirer l’attention sur leurs problèmes liés à leur travail et à leurs conditions de vie.

BRESIL : Soutenir avec votre organisation la grève à GM au Brésil

10 500 travailleurs de trois usines de General Motors au Brésil ont voté la grève à partir de lundi 23 pour protester contre les licenciements opérés par le constructeur automobile dans le pays. Cette grève illimitée fait suite à l’envoi par GM, samedi 21, de lettres de licenciement par courrier électronique aux travailleurs, à leur domicile. Ces licenciements ont été effectués sans négociation préalable avec les syndicats. Les licenciements massifs de GM ont eu lieu dans trois usines de l’État de São Paulo. Outre São José dos Campos, des travailleurs ont été licenciés dans les villes de São Caetano do Sul et Mogi das Cruzes. L’entreprise n’a pas encore informé le syndicat du nombre d’employés licenciés.

FRANCE : Des travailleurs sociaux de l’APAP à Amiens sont en grève

Sur les 75 salariés de l’Association picarde d’action préventive (APAP), une dizaine sont en grève depuis ce lundi pour dénoncer de mauvaises conditions de travail, notamment des mobilités imposées. Des choix nécessaires nous répond la direction.

Une dizaine d’éducateurs spécialisés de l’APAP, Association picarde d’action préventive, ont déposé un préavis via la CGT pour une grève reconductible ce lundi 6 novembre. Ils se sont rassemblés entre midi et 15 heures devant leur établissement, rue Jean Jaurès, pour réclamer de meilleures conditions de travail. L’une des principales revendications porte sur les mobilités imposées par la direction.

USA : Les paysagistes d’Oakville et de Whitby en grève depuis le 2 novembre

Environ 285 travailleurs externes employés par la ville d’Oakville, à l’ouest de Toronto, ont entamé une grève la semaine dernière (2 novembre) pour obtenir une augmentation de salaire significative et contre les tentatives de la direction d’imposer des équipes de 12 heures et d’augmenter le recours à des travailleurs temporaires au détriment des postes à temps plein. Les travailleurs assurent l’entretien des parcs et autres installations récréatives publiques, des routes, du port local et des cimetières de la ville.

Les grévistes, membres du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), réclament une augmentation de salaire annuelle de 4,2 % pour chaque année d’un contrat de trois ans. La direction n’a proposé qu’une augmentation de 12,75 % répartie sur quatre ans. Les travailleurs sont sans contrat depuis février.

USA : Les travailleurs du musée de Brooklyn prêts à se mettre en grève

Les travailleurs du musée de Brooklyn devraient se mettre en grève le 8 novembre, après dix mois de négociations infructueuses. Les travailleurs, membres de la section locale 2110 de l’United Auto Workers, réclament une augmentation de salaire de 19,5 % sur un contrat de quatre ans et demi. Ils souhaitent que le personnel à temps partiel bénéficie du même pourcentage d’augmentation de salaire que le personnel à temps plein.

USA : Les travailleurs des transports en commun de Santa Clarita entament leur 2e mois de grève

La grève de 200 travailleurs des transports en commun de Santa Clarita, en Californie, entre dans son deuxième mois, alors que la ville continue de réduire ses services de transport. Après 12 mois de négociations avec MV Transportation, l’entreprise qui signe le contrat avec la ville, les membres de la section locale 572 des Teamsters ont déclenché une grève le 9 octobre et sont toujours sur le piquet de grève.

Le syndicat Teamsters a demandé à l’administration municipale de s’impliquer dans les négociations, bien que la ville ait rejeté à plusieurs reprises toute intervention dans la lutte contractuelle, ce qui indique clairement qu’elle soutient la ligne dure de MV Transportation à l’égard des travailleurs.

MV Transportation, dont le siège se trouve à Dallas, au Texas, est la plus grande entreprise privée de services de transport de passagers des États-Unis.

VENEZUELA : Manifestation à Caracas pour la libération des dizaines de travailleurs emprisonnés

La manifestation de Caracas, au Venezuela, exige un Noël sans travailleurs emprisonnés

Le 1er novembre, des travailleurs se sont rassemblés dans le centre de Caracas, dans le parc Carabobo, pour demander la libération des travailleurs emprisonnés. Des dizaines de travailleurs ont été emprisonnés pour avoir défendu leurs droits et lutté contre les salaires de misère généralisés au Venezuela. Les manifestants portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Arrêtez de criminaliser ceux qui luttent, liberté pour tous les travailleurs emprisonnés pour avoir lutté pour leurs droits ».

USA : Bientôt 35 000 employé.es des casinos en grève au Nevada

Vendredi dernier, le syndicat des travailleurs culinaires (Culinary Workers Union Local 226) a annoncé que les 60 000 employés des casinos de Las Vegas et de l’État du Nevada avaient jusqu’au 10 novembre pour se mettre en grève.

Cette grève concerne quelque 35 000 travailleurs de 18 casinos de la bande de Las Vegas. Les employés du secteur de l’hôtellerie et de la restauration travaillent sans contrat depuis près de deux mois, après avoir voté à une écrasante majorité en septembre en faveur d’une grève.

Focus

Focus #1: Grève dans l’industrie textile au Bangladesh

Notre premier focus est consacré à la grève massive qui touche le Bangladesh dans le secteur du textile. En effet, en ce moment, a lieu au Bangladesh, une grève historique chez les ouvriers du textile.

« Dur à coudre. Des milliers d’ouvrier·es du textile du Bangladesh sont en grève pour exiger un triplement de leur salaire et de meilleures conditions de travail.

Il y a une semaine, de violents affrontements ont éclaté aux quatre coins du pays, où des ouvrier·es du textile ont entamé une grève, qui a entraîné la fermeture de centaines d’usines. Samedi 4 novembre, dans la ville industrielle d’Ashulia située à l’ouest de la capitale Dacca, des heurts ont eu lieu alors que 10 000 ouvrier·es ont tenté d’empêcher leurs collègues de reprendre leur poste. Les usines à l’arrêt fournissent notamment Gap, H&M, Zara, Levi’s, Primark et bien d’autres.

Focus #2: Mouvements de coursiers

Notre deuxième focus est consacré aux travailleurs qu’on appelle les « coursiers », employés par des entreprises qui fournissent une plateforme de service de livraison, souvent de repas. Ce focus prend pour point de départ l’Ukraine avec un mouvement de grève chez les coursiers de Bolt Food.

UKRAINE : «Vous ne vivez pas dans un pays où l’on peut faire grève»

«Vous ne vivez pas dans un pays où l’on peut faire grève». C’est ce qu’a répondu le patron de Bolt Food, entreprise estonienne de livraison de repas implantée Ukraine, aux coursiers en grève pour une augmentation de salaire et de meilleures conditions de travail. La précédente grève notable des coursiers de Bolt Food avait éclaté en 2021, sans succès. Ensuite les coursiers ont accusé l’entreprise d’avoir réduit le paiement de la commande de 50 %.

Ce focus se poursuit avec le mouvement de grève des coursiers qui touche la France depuis le début de la semaine.

Grève nationale des livreurs Uber Eats : à Roanne, l’ensemble des coursiers a cessé le travail depuis ce lundi

Le mouvement national de grève des livreurs a touché Roanne où les coursiers ont cessé de travailler depuis ce lundi 6 novembre.

Chaque jour, ils avalent les kilomètres à la force de leurs jambes ou à l’électrique. Chaque jour, ils digèrent le froid et dévorent la nuit pour livrer les clients et leur apporter leur commande. Les livreurs Uber Eats régurgitent leurs conditions de travail et ils le font savoir. Un mouvement national de grève a été lancé le 3 novembre depuis le Nord de la France. Roanne, où travaillent de cette manière entre 70 et 80 personnes, a suivi. Les coursiers de la nourriture ont stoppé leur activité lundi 6 novembre et pour trois jours. Depuis peu, Uber Eats a mis en place  une tarification unique au temps estimé. Concrètement, le calcul du tarif proposé pour une course prend désormais en compte, en plus du temps nécessaire pour effectuer la livraison, le temps nécessaire pour se rendre au restaurant ainsi que le temps d’attente au restaurant et chez le client. Afin de réaliser l’estimation du temps nécessaire pour réaliser la course, la plateforme prend en compte la distance et d’autres critères tels que les conditions de circulation. « On a eu une perte de 30 à 40 % sur le prix des courses depuis le 1er novembre », témoigne anonymement l’un d’entre eux qui sillonne les rues de l’agglo depuis 2021.

Nous lisons ensuite des extraits d’un article paru sur le site Le Poing, journal de camarades de Montpellier propose l’interview de Jason Legrux président de la jeune association à l’origine de la mobilisation, le « Mouvement des coursiers engagés ».

L’article commence par rappeler des faits simples :

Il y a trois plateformes principales : l’Américaine Uber Eats, la Britannique Deliveroo et l’Anglo-Néerlandaise Just Eat.  En 2021 Uber Eatsemployait 35.000 livreurs en France, 25.000 restaurants inscrits dans 230 communes. Deliveroo,14.000 livreurs pour 20.000 restaurants dans 300 communes. Pour Just Eat était présente dans 2.000 communes en France.