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Bulletin inter - 6 octobre 2023

Bulletin inter

Un podcast publié le 06/10/2023 à 10h
Émissions

Au sommaire de ce Bulletin international :

6 000 travailleurs en grève dans une usine de chaussures (Vietnam)

Nous ouvrons ce Bulletin international en relatant la grève de 6 000 travailleurs dans une usine de chaussures au Vietnam.

Pas moins de 6 000 travailleurs de l’entreprise de fabrication de chaussures en cuir Viet Glory, à participation taïwanaise, dans la province de Nghe An, au centre-nord du Vietnam, sont en grève depuis lundi après-midi pour réclamer des salaires plus élevés.

Mardi, les travailleurs se sont rassemblés devant l’usine de l’entreprise dans le district de Dien Chau, dans la province de Nghe An.

Grève des travailleurs et travailleuses de Veolia dans le Nottinghamshire (Grande Bretagne)

Cette grève a en commun avec celle des travailleurs de Veolia dans le Nottinghamshire en Grande-Bretagne de mettre face à face des travailleurs et une entreprise dont les capitaux sont étrangers.

Le responsable du syndicat GMB, Mick Coppin, a déclaré : « Veolia Nottinghamshire récolte d’énormes sommes d’argent auprès des contribuables locaux. En échange, ils attendent des travailleurs locaux qu’ils effectuent un travail dangereux, difficile et malodorant pour le salaire minimum. Nos membres n’ont plus les moyens de chauffer leur maison et de payer leurs factures. Ils sont conduits à bout par une entreprise qui vaut plusieurs millions de livres. Veolia, qui sait discuter d’opérations commerciales avec le régime russe, refuse d’entamer des négociations avec le syndicat GMB. C’est une honte. »

Grèves et licenciements pour syndicalisme dans les serres d’Agrobay (Turquie)

Nous poursuivons sur l’internationale du capital par une grève dure se déroule dans les serres d’Agrobay en Turquie où un mouvement se poursuit depuis 42 jours notamment suite à des licenciements prononcés en raison de la simple appartenance de travailleurs à un syndicat. Les produits qui sortent de cette entreprise se retrouvant sur les étals de nombreux pays, les travailleurs font appel aux consommateurs de leurs produits en manifestant devant les consulats pour obtenir un soutien international dans leur lutte pour que leurs droits soient respectés et que les violences et humiliations qu’ils subissent cessent.

Un groupe de travailleurs de l’entreprise de serres Agrobay, licenciés en raison de leur affiliation au Syndicat des travailleurs agricoles (Tarım-Sen), a poursuivi sa protestation de 42 jours à İstanbul. Ces travailleurs ont protesté contre les violations de leurs droits, les humiliations, les menaces et les insultes auxquelles ils ont été confrontés pendant leur emploi.

Représentant les 39 travailleurs syndiqués licenciés, une délégation s’est exprimée devant les consulats des principaux pays acheteurs d’Agrobay, faisant la lumière sur les violations commises par l’employeur et présentant leurs revendications.

Selon les rapports de Yeni Yaşam, les travailleurs ont commencé leur protestation devant le consulat des États-Unis, et le président de Tarım-Sen, Umut Kocagöz, a articulé leurs demandes : « Nous sommes venus devant les consulats des pays où Agrobay fait du commerce pour envoyer un message aux citoyens de ces pays. »

Chauffeurs de camion en grève à Gräfenhausen: drôle de danse de la direction de Mazur

Ensuite nous faisons un retour rapide sur l’évolution de la situation à Gräfenhausen. L’entreprise Mazur est localisée en Pologne et le piquet de grève se tient sur une aire d’autoroute en Allemagne. Contrairement à ce qui avait été affirmé la semaine dernière, le groupe Mazur ne s’engage plus à ne pas poursuivre devant la justice les chauffeurs grévistes. Une représentante du groupe polonais Mazur a nié tout accord avec les camionneurs qui ont fait grève jusqu’à récemment à Gräfenhausen.

Le Frankfurter Rundschau dispose notamment d’un contrat portant un cachet et une signature de la société Agmaz de Mazur. Il y est dit en substance que l’entreprise confirme qu’elle retire toutes les accusations portées contre le chauffeur en question, qu’elle n’en formulera pas de nouvelles et qu’elle en informera également les autorités compétentes. Cet aspect était très important pour les camionneurs.

Les quelque 70 derniers chauffeurs, originaires pour la plupart de Géorgie et d’Ouzbékistan, avaient mis fin à la grève le week-end dernier après plus de deux mois et avaient parlé d’un succès : Une grande partie des salaires a été payée et Mazur s’est engagé à ne plus engager de poursuites judiciaires contre ses collaborateurs.

« …les travailleurs se plaignent de salaires impayés s’élevant au total à un demi-million d’euros… »

En plus de deux entreprises autrichiennes, des entreprises allemandes de la chaîne d’approvisionnement ont également mis la main à la bourse. La DGB a parlé dans ce contexte d’« une coalition de responsables » et d’un grand nombre de « dons ».

3 jours de grève nationale des livreurs de iFood (Brésil)

Nous découvrons ensuite une grève qui s’est déroulée le week-end dernier au Brésil. Cette grève nationale de trois jours et un appel au boycott des applications de livraison de nourriture à domicile survient après l’échec des négociations sur le salaire minimum et le temps de travail au sein du groupe de travail mis en place par le gouvernement fédéral brésilien et avant son projet de loi. Il s’agit bien plus que de revendiquer un meilleur salaire de définir le temps de travail : le temps d’attente doit-il être pris en compte ? Jusqu’à présent seule la course réalisée compte. Cette situation n’est bien sûr pas sans rappeler les conditions des livreurs Uber en France.

Les plates-formes de transport et de livraison sont également en plein essor au Brésil, avec des conditions de travail comparables à celles du monde entier et des luttes similaires contre celles-ci : Du 29 mars au 3 avril 2022, des livreurs de repas se sont mis en grève dans 16 villes du Brésil pour réclamer des salaires plus élevés, et une journée d’action nationale a eu lieu le 1er avril. A Rio de Janeiro et Sao Paulo, les chauffeurs de taxi des plateformes Uber et 99 ont également fait grève à plusieurs reprises, exigeant que les entreprises ne conservent que 20 % de la rémunération des courses (actuellement plus de 30 %), que les trajets soient payés aux passagers et qu’ils soient informés du prix par Uber avant les courses. En outre, ils demandent l’installation de caméras dans les voitures pour les conductrices.

C’est à présent une grève nationale de trois jours qui a eu lieu du 29 septembre au 1er octobre, accompagné d’un appel au boycott des fournisseurs d’applications. Ceci fait suite à l’échec des négociations sur le salaire minimum et le temps de travail au sein du groupe de travail mis en place par le gouvernement fédéral brésilien, en vue de l’élaboration d’un projet de loi.

Syndicats contre travailleurs: comment l’UAW sabote la grève dans l’industrie automobile (USA)

Pour finir, nous faisons un point d’étape concernant le mouvement qui se déroule dans l’industrie automobile aux USA, pris sous la férule de l’UWA.

Vendredi 15 septembre, au lendemain de la fin de validité du contrat qui doit faire l’objet de nouvelles négociations, alors que 150 000 travailleurs de General Motors, Ford et Stellantis s’apprêtaient la veille à débrayer dans 86 usines et entrepôts, suite à un vote à 97 % en faveur de la grève, l’UAW, syndicat majoritaire, reprend la main. Mais la soi-disant « stratégie » de la « grève debout » pronée et mise en œuvre par l’UAW a été conçue en étroite collaboration avec l’administration Biden et les constructeurs automobiles.

Une semaine plus tard, l’UAW étend la grève : 7 000 travailleurs supplémentaires dans deux usines rejoignent le piquet de grève. Si le 15 septembre, le syndicat avait initialement ciblé une usine d’assemblage de quelques entreprises, il a seulement engagé dans le rapport de force 38 centres de distribution de pièces détachées gérés par GM et Stellantis. Ford a été épargné par cette extension, car les négociations avec le syndicat étaient en cours à ce moment-là. Au total, environ 25 000, soit 17 % des 146 000 travailleurs des trois constructeurs sont aujourd’hui en grève.

Il apparaît ainsi que le syndicat a structuré ses débrayages de manière à ce que les entreprises puissent continuer à fabriquer de grosses camionnettes et des SUV, leurs véhicules les plus vendus et les plus rentables. Auparavant, il avait mis à l’arrêt des usines d’assemblage dans le Missouri, l’Ohio et le Michigan, qui fabriquent des camionnettes, des fourgonnettes et des SUV de taille moyenne, moins rentables que les véhicules de plus grande taille.

Crédits : Markus Spiske