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Plateau Radio à propos de l'éducation affective et sexuelle

À la Une

Un podcast publié le 04/04/2023 à 13h
santé

Plateau Radio à l'occasion de l'anniversaire du planning familial du Pas-de-Calais.

Avec des bénévoles et salariées du planning familial, et la participation du public.

Sur le thème de l'éducation affective et sexuelle à l'école et à propos de la loi Aubry, qui n'est malheureusement pas appliquée.

Ce plateau s'est tenu le samedi 1er avril 2023 à la salle Nohain de Lens au cours d'un moment festif, convivial et revendicatif : le 60e anniversaire du Planning Familial 62.

Quelques chiffres:

  • Les violences sexuelles ont augmenté de 33% en 2021 (+3 % en 2020 et +12 % en 2019)
  • Une femme sur cinq de 18 à de 24 ans déclare avoir déjà subi un viol ou une agression sexuelle en 20222
  • 5,5 millions de femmes et d'hommes ont été victimes d'inceste, soit 1 personne sur 10. C'est 160 000 enfants qui en sont victimes chaque année. Les enfants en situation de handicap en sont 3 plus victimes, 4,6 fois plus si le handicap est une déficience intellectuelle.
  • 36% des 18-24 ans pensent qu’une femme peut prendre plaisir à être humiliée ou injuriée
  • 23% estiment qu’elle peut prendre du plaisir à être forcée
  • Parmi les jeunes interrogés en 2021 et ayant eu un rapport sexuel l’année passée :
    • 66% n’ont pas systématiquement utilisé de préservatifs, alors que seulement,
    • 41% des jeunes déclarent avoir un partenaire sexuel régulier
    • Près de 10% estiment être exposés au risque d’être contaminé par le VIH sur l’année passée
    • 31% des jeunes déclarent être mal informés sur le VIH/Sida
    • soit une augmentation de 20 points par rapport à 2009.
  • Les LGBTphobies ont augmenté de 28% en France entre 2020 et 2021 et doublé en cinq ans.

Pour le planning, tous ces chiffres découlent de l'éducation stéréotypée, traditionnelle, qui reconduit des schémas de domination de genre, de classe, de race au sein de, la encore trop grande, majeure partie de la population française.

Voulons nous la révolution ? Certes. Demandons nous la révolution ? Hé bien pour une fois, plus la peine !! Depuis 2001, une loi existe. Une loi qui nous satisfait. Une loi qui représente un outil précieux pour la transformation sociale que nous appelons de nos vœux, pour une société égalitaire.

Cette loi stipule que l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle est obligatoire dès la maternelle par des activités transversales aux enseignements généraux, et à raison de 3 séances par an dès le CP et jusque la terminale.

Cette Loi est appelée « Loi Aubry », mais a été promulguée sous le mandat de Nicole Perry, en tant que secrétaire d'état chargée des droits des femmes et de la formation professionnelle, qui dépendait du ministère de l'emploi, dirigé par Martine Aubry, sous le gouvernement Jospin.

Cette loi est plus connue pour ses articles liés à l'accès à l'ivg. Puisque c'est elle qui augmente le délais de 10 à 12 semaines de grossesse et permet aux mineure d'y recourir sans l'accord des parents. Et elle abroge l'obligation d'ordonnance médicale pour se procurer la contraception d'urgence.

Aujourd'hui c'est son article 22 qui nous réunit. Il est intégré comme suivant dans le Code de l'éducation , sous l'article L 312-16.

Le chapitre II du titre Ier du livre III du code de l'éducation est complété par une section 9 ainsi rédigée :

« Section 9

« L'éducation à la santé et à la sexualité

« Art. L. 312-16. - Une information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d'au moins trois séances annuelles et par groupes d'âge homogène. Ces séances pourront associer les personnels contribuant à la mission de santé scolaire et des personnels des établissements mentionnés au premier alinéa de l'article L. 2212-4 du code de la santé publique ainsi que d'autres intervenants extérieurs conformément à l'article 9 du décret no 85-924 du 30 août 1985 relatif aux établissements publics locaux d'enseignement. Des élèves formés par un organisme agréé par le ministère de la santé pourront également y être associés. »

Sa mise en œuvre est décrite dans la circulaire 2018-111 du 12-9-2018

  1. À l'école élémentaire, les modalités retenues pour la mise en œuvre de l'éducation à la sexualité sont présentées lors du conseil d'école et portées à la connaissance des parents d'élèves lors de la réunion de rentrée, dans le cadre de la présentation des enseignements.

À ce niveau d'âge, il ne s'agit pas d'une éducation explicite à la sexualité. Au regard des programmes d'enseignement, plusieurs thématiques peuvent constituer un objet d'étude, en prenant en compte l'âge des élèves :

- l'étude et le respect du corps ;

- le respect de soi et des autres ;

- la notion d'intimité et de respect de la vie privée ;

- le droit à la sécurité et à la protection ;

- les différences morphologiques (homme, femme, garçon, fille) ;

- la description et l'identification des changements du corps, particulièrement au moment de la puberté ;

- la reproduction des êtres vivants ;

- l'égalité entre les filles et les garçons ;

- la prévention des violences sexistes et sexuelles.

Ces questions font l'objet d'une intégration à l'ensemble des autres contenus d'enseignement et des opportunités apportées par la vie de classe.

  1. Au collège et au lycée, les modalités d'organisation de l'éducation à la sexualité sont établies dans le cadre du CESC (comité d'éducation à la santé et la citoyenneté). Les actions mises en œuvre font l'objet d'un compte rendu annuel sur le fonctionnement soumis au conseil d'administration.

Il s'agit d'apporter aux élèves des informations objectives et des connaissances scientifiques, et de développer leur réflexion et leur esprit critique. Les échanges se font à partir de leurs représentations afin de leur permettre de développer une réflexion individuelle et collective et ainsi les conduire à s'approprier des valeurs humanistes.

Différents enseignements offrent l'opportunité d'exploiter des situations, des textes ou des supports qui abordent des thèmes variés : liberté, responsabilité et respect face aux choix personnels (réseaux sociaux, Internet, cyberharcèlement, pornographie, etc.), valeurs et normes, impact des stéréotypes et rôles sexués, prévention des violences sexistes et sexuelles, égalité filles-garçons, contraception, prévention des grossesses précoces non désirées, IST et VIH-sida, orientations sexuelles, respect de son corps et de celui de l'autre, etc. Les enseignements scientifiques liés aux sciences de la vie et de la Terre, aux sciences médico-sociales et à la prévention santé-environnement, occupent une place spécifique dans ce domaine et donnent aux élèves les bases scientifiques indispensables. Les programmes d'autres champs disciplinaires - tels que l'enseignement moral et civique, la philosophie, l'histoire, les arts plastiques, les lettres, etc. - peuvent être également concernés.

Autrement dit, le Code de l'éducation, prévoit un minimum de 27 séances pour les élèves effectuant une scolarité de l’âge de 5 ans à 16 ans et de 36 séances pour celles et ceux qui vont jusqu’au baccalauréat.

Pourtant, selon Enquête IFOP réalisée en 2022 pour CAS D’ECOLE5,

  • Seules 15% des personnes interrogées déclarent avoir bénéficié de plus de 6 séances d’ES dans toute leur scolarité et 17% n’en avoir jamais reçu.
  • 67% des personnes interrogées déclarent ne pas avoir bénéficié des 3 séances annuelles d’ES
  • 88% des jeunes interrogé.e.s disent être d’accord avec le fait qu’une éducation sexuelle adaptée aurait amélioré le début de leur vie affective et sexuelle
  • 84% trouvent que le nombre de cours d’éducation sexuelle à l’école n’est pas suffisant aujourd’hui
  • 79% trouvent que l’éducation sexuelle à l’école complète l’éducation sexuelle apportée par les parents

Le manquement de l’État pointé du doigt depuis des années :

  • Une enquête de la Direction générale de l’enseignement scolaire menée auprès des académies, des directions départementales et des établissements pour l’année 2017-2018 montre que seules “57 % des académies et 34 % des directions départementales répondantes ont mis en œuvre des formations sur cette thématique.
  • Selon les résultats d’une enquête conduite par l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche en 2021 dans une académie : “ Moins de 15 % des élèves bénéficient de trois séances d’EAS pendant l’année scolaire en école et au lycée (respectivement moins de 20 % en collège)” 1

C'est pourquoi le 2 mars 2023, la confédération du planning familial, sidaction, et sos homophobie, saisissent le tribunal d'administratif de Paris et lance la campagne #Cas d'école :

Car l'état ne fait pas ses devoirs.

Crédits musicaux : Anne Sylvestre, Giedré, Violences-sexuelles.info

Crédits photo: Louise Bihan

1 – Rapport de l’IGESR n°2021-149, juillet 2021, page 31