photo-tribunal de lille

Révoltes sociales : une justice d’exception ?

À la Une

Un podcast publié le 31/08/2023 à 16h
justice luttes sociales

Le 27 juin 2023, Nahel est mort suite à un contrôle de police. S’en suit une série de révoltes sociales dans les centres-villes et les quartiers populaires. La mobilisation policière est conséquente, tandis que le ministre de la Justice avait appelé à une réponse pénale « rapide, ferme et systématique ». Un mois après, le 28 août 2023, le garde des sceaux annonce, fièrement, que sur les « 2 107 personnes » qui ont été jugées, « 1 989 ont été condamnées », « dont 1 787 à une peine d’emprisonnement ». La justice atteint ainsi un taux d’enfermement de 90 %.

À la suite des révoltes sociales, Margaux Machart, avocate, est de permanence au palais de justice de Lille le week-end du 1er juillet. Durant ce week-end, elle assiste 8 mineurs, accusés de violences urbaines, un record pour cette avocate spécialisée en droit des mineurs et en droit pénal.

Nous avons souhaité l’interroger sur son travail auprès des mineurs durant ce week-end du 1er juillet, sur le profil des mineurs présentés devant le tribunal et sur le comportement des juges à leur égard. L’occasion de revenir avec elle sur l’état de la justice en France, sur le traitement juridique des mineurs ainsi que des majeurs lors des comparutions immédiates, véritable justice à enfermer les classes populaires et les minorités.

Extrait :

« Déjà, il faut le noter, c’est assez rare qu’on ait 8 mineurs en un week-end. En général, il y en a parfois pas, et au maximum, il va y en avoir un ou deux. Là, il y en avait 8. Ce qui prouve quand même que le parquet - parce que c’est le parquet qui prend cette décision-là - le parquet a voulu faire un peu d’exemplarité, prendre des décisions dures immédiatement, pour, je pense, - ce n’est pas moi qui prend la décision - , mettre un coup d’arrêt au mouvement d’émeute. Et puis montrer aux autres enfants, aux autres mineurs et même aux parents, et sans doute à toute la population, leur montrer que tout ça n’est pas sans conséquence judiciaire ».

Crédits : photo par Micros-rebelles, musique par Sarah Pagé (Danse des Serpents).