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#5 - Grévistes Emmaüs / Halte Saint Jean - 189e jour de grève

Sans toit ni droits

Un podcast publié le 19/01/2024 à 14h
Émissions

Des tambours, un caddie rempli d’instruments de musique, un enceinte et un micro, ainsi que quelques paires de gants, voilà le matériel dont s’étaient doté les grévistes du Emmaüs de la halte st jean et leur soutien le mardi 9 janvier 2024 .

Pourquoi faire ?

Pour se faire entendre par les employé.e.s et surtout par les élu.e.s de la mairie de Saint-André-lez-Lille, et afin de rappeler les raisons de leurs grèves et de leur colère (Pour rappel : la grève a démarré en Juin 2023, il s’agit donc aujourd’hui du 189e jour de grève pour les 21 personnes qui se sont groupée en raison de conditions de travail, de logement, et de traitement indignes, intolérables, et choquantes.
S’ajoutait à cela un lourd soupçon - qui depuis fût vérifié – de mise en place d’un système de travail dissimulé qui perdurait depuis des années.

Tout ceci a donné lieu à une plainte pour traite d’être humain, et également à la prise de conscience par les travailleurs, travailleuses et leur soutien du statut irrégulier de la halte St Jean. En effet, il s’est avéré que ce Emmaüs les faisait travailler au nom du statut de compagnon et compagnonnes sans en avoir la possibilité légale (Le Emmaüs de la halte Saint Jean n’est pas doté de l’agrément « O.A.C.A.S » qui permet de faire travailler des personnes précaires en échange d’un hébergement et de nourriture). (et qui est lui même à remettre en question).

Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Lille sur cette question du travail dissimulé et pour traite d’être humain. L’enquête a été confiée à l’office central de lutte contre le travail illégal.

Rappelons que les Emmaüs fonctionnent sur une activité extrêmement lucrative (affichant, au niveau national, une marge brute de 1,61 millions d’euros pour l’année 2021) grâce à la vente d’objets donnés, que les travailleurs et travailleuses réceptionnent, nettoient, préparent et mettent en rayon, mais doivent quand même payer au prix fort si ils et elles veulent en acheter.

Alors qu’en l’échange d’un travail de 40h par semaine, ils et elles ne recevaient que 150 à 200 euros par mois.

Le deal initial, est qu’en l’échange d’un travail de compagnonnage dans les entrepôts Emmaüs, les personnes hébergées peuvent obtenir une régularisation au bout de 3 années. Or, les grévistes de la halte Saint Jean n’ont jamais rien signé, ils et elles demandent donc la reconnaissance de leur travail et la régularisation de leur statut.

La première semaine de janvier, la préfecture du nord a ordonné la fermeture du lieu pour risque d’incendie suite à une visite de sécurité, et a précisé qu’il incombe à l’exploitant de proposer des solutions de relogement. Or le président Pierre Duponchel a déclaré qu’il ne relogerait que les non-grévistes – une attitude qui s’inscrit dans la continuité de l’indignité avec laquelle il a considéré et traité ces travailleurs et travailleuses qui rapportent pourtant tant d’argent à son association jusque là.

Une mesure qui interroge

Un autre problème scandaleux est a noté également : Depuis novembre, le lieu n’est plus chauffé.

Ce jour là, malgré une température descendue sous le degré zéro, ils et elles étaient là pour interpeler la mairie située à quelques dizaines de mètres de leur piquet de grève et lui montrer que leur détermination ne faiblirai pas. Celle ci est accusée d’inaction et de cautionner les agissements de la direction de ce Emmaüs.

Leur demande ?

Pouvoir discuter, face à face, avec la maire de Saint André, Elizabeth Masse,(élue du groupe Métropole Passions Communes ) et qu’elle entende que, leur détermination perdurera, qu’elle ne peut laisser faire, et que dans tous les cas, qu’elle le veuille ou non, qu’elle agisse en ce sens ou non, la situation devra être régularisée.

Malgré le fait que la direction ait été sommée de remettre le chauffage par décision de justice, les personnes hébergées à la halte Saint Jean vivent encore sans chauffage depuis novembre. Un hébergement non chauffé, de la nourriture périmée … (Prenons en compte qu’il y a une dizaine d’enfants qui habitent là).

A savoir : Emmaüs France, qui affiche actuellement une campagne de communication en opposition au projet de loi immigration (affirmant même que « L’inquiétude pour les droits et les conditions de vie des personnes étrangères est immense au sein de notre Mouvement. »), n’a pas fait de nouveau communiqué depuis le 24 novembre 2023.

Aux dernières nouvelles, il était question de convoqué la direction de la halte St Jean et d’évaluer si cette asso pourrait garder où non l’agrément Emmaüs ou bien devrait en etre exclue – pas de nouvelles avancées de ce coté là non plus

De même, en raison du dépôt de plainte pour traite d’être humain, qui a été reçue par le procureur de la république, un statut régulier provisoire aurait du leur être accordée, ce qui n’est toujours pas le cas

C'est pourquoi, plus que jamais, cet appel à soutien est nécessaire : soutien financier (caisse de grève) matériel (couvertures, vêtements chauds, gants, chauffages d’appoints, nourriture …) , et physique (des rendez vous réguliers sont donnés, et vous pouvez aussi passer faire un coucou sur le piquet de grève qui se trouve au 181 Rue du Général Leclerc dans la petite ville de Saint André au Nord de Lille)

Pour approfondir :

- Street press : Articles de Jeremy Rochas

- Mediapart : Article récent, sorti le 19 janvier, par Khedidja Zerouali

- et sur Micros-rebelles, plusieurs reportages dont celui du 18 août dans lequel vous pouvez entendre les témoignages de grévistes à propos de cette situation scandaleuse.